
Maître des lieux
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La Ceinture
Simple lien en peau, en cuir, en fibre végétale entrelacées, en laine ou en poils tissés enserrant la taille, la ceinture existe certainement depuis la préhistoire. On en retrouve dans les sépultures à partir de l'âge de Bronze. elle était utilisée comme accessoire vestimentaire à la fois par les hommes et par les femmes.
Dans de nombreuses cultures, la ceinture est une pièce de vêtement qui possède une grande richesse symbolique. Le point de départ provient de l'habitude qu'on avait d'y accrocher ses armes.
Comme objet, la ceinture a donc une double fonction . C’est à la fois un objet utile et un objet entouré de toute une symbolique. Symbole de puissance et symbole de richesse.
Nous trouvons déjà des récits épiques dans l’antiquité mettant en scène la ceinture.
Ainsi un des douze travaux d’ Héracles (Hercule) concerne la ceinture d'or d'Hippolyté, la reine des amazones.
Admète, la fille d'Eurysthée, roi de Mycènes, avait entendu dire que la reine des Amazones portait une ceinture unique par son élégance et sa richesse. Elle demanda à son père de la lui obtenir. Naturellement Eurysthée confie encore une fois ce travail à Héraclès. Les Amazones, femmes guerrières de la Cappadoce, sur les confins du Pont-Euxin, formaient une peuplade sauvage et redoutable, vivant de rapines et du produit de leur chasse. La reine Hippolyte les commandait. On la reconnaissait aisément à son corset formé de petites écailles de fer, attachées avec une ceinture, la fameuse ceinture convoitée.
Héraclès et ses compagnons débarquèrent sur le rivage du Pont-Euxin et se rendirent au palais d'Hippolyté avec de nombreux présents. En échange Héraclès sollicita le don de la ceinture. La reine des Amazones lui fit bon accueil, lui sut gré de sa venue. Elle était sur le point de lui remettre la ceinture, quand elle en fut violemment dissuadée par ses farouches cavalières, qui crièrent à la trahison. Les arcs se tendirent, les flèches sortirent des carquois, les haches frémirent, ce fut la guerre.
Héraclès et sa troupe, d'abord en état de défense, passèrent à l'attaque, poursuivirent les Amazones, en tuèrent un grand nombre et capturèrent leur reine. La ceinture d'Hippolyté lui fut ravie. Héraclès, triomphant, la rapporta à Eurysthée et à sa fille.
Chez les Bulgares du 6ème siècle ap J-C, la consécration guerrière du jeune homme se faisait par la remise d’une ‘ceinture de guerre’.
En Occident au XIV ème siècle, la ceinture de noblesse est une ceinture militaire qui montre le rang de noble de son propriétaire. Elle est faite de plaques en laiton ou en bronze richement décorées et rivetées sur une ceinture de cuir.
Elle est portée sur les hanches toujours très bas ce qui donne un style bien caractéristique à cette époque.
En revenant à une époque qui concerne plus le sujet de ce ‘site’ nous pouvons citer l’anecdote d'Ivan Kalita , le percepteur des impôts de Novgorod.
Nous sommes en 1339 et Ivan Kalita fait un testament avant son départ pour la ‘Horde d'Or’ dont il risque fort de ne pas revenir. Dans ce testament, Il lègue à sa femme et à sa fille des bourgs, des serfs et divers revenus fonciers, mais aussi des coiffes, des colliers et des anneaux d'or. A ses 3 fils, il laisse des villes et des villages, des coupes d'or, de la vaisselle et des manteaux d'apparat, qu'il prend bien soin de décrire.
Pourtant le plus grand luxe de détails est accordé à certaines ceintures de cérémonie par lesquelles il souhaitait à la fois éviter toute confusion et marquer l'importance que l'on devait y attacher.
A l'aîné Siméon, il donne trois ceintures d'or, au prince Ivan une grande ceinture en or avec des perles et des pierres précieuses, une ceinture d'or avec des agrafes, une ceinture ornée de cornaline avec un fermoir en or et au prince André une ceinture en or avec un fermoir sur soie pourpre.
Chez les Peuples Cavaliers.
le nomadisme empêche de posséder de nombreux biens volumineux. En effet, le cavalier nomade doit continuellement transporter sa richesse avec et sur lui.
Il va décorer ses objets personnels (vêtements, armes et pièces d’équipement) en y incrustant des pierreries mais surtout en y cousant des plaques de métal en bronze, en cuivre ou en laiton et en argent ou en or pour les plus riches. La ceinture ne fera pas exception à cette mode.
Nous trouvons dans les tombes sarmates ( féminines ou masculines) des boucles de ceintures ouvragées et décorées, parfois accompagnée d’une plaque se fixant au cuir.
Les plaques sont décorées d'incrustation de pierres précieuses ou de pâte de verre colorée.
Chez les Mongols du XIIIème siècle, la double signification de la ceinture , richesse et puissance, est bien présente.
En effet, bien plus qu’un objet fonctionnel, celles-ci sont richement décorées d’une boucle-plaque, d’un ‘pendant’ et d’autre pièces nécessaires à la suspension de l’épée, du carquois et du carquois d’arc.
De plus, dans l’imaginaire de ce peuple, nous trouvons des traditions liées à la ceinture.
Ainsi, le vassal qui se présente devant son khan s’avance vers lui, la ceinture dénouée et passée autour du cou en signe de soumission.
Lorsque Gengis Khan s’isole pour méditer avant de prendre une grande décision, il monte sur une montagne pour entrer en relation avec les esprits en dénouant sa ceinture et en la passant autour de son cou en signe d’humilité.